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Geoffrey Fouillet

La Compétition Officielle du Festival de Cannes


On sait à quel point le Festival de Cannes, dédié au 7ème Art, se donne les moyens pour accueillir les films et les cinéastes les plus intéressants, prestigieux et importants du moment. Ce que l'on sait moins en revanche, c'est sur quels critères s'établissent les sélections des différentes compétitions et par quelles instances. Attardons-nous plus précisément sur la compétition officielle, longs et courts-métrages.

D'une part, il faut rappeler le nombre de films envoyés et visionnés chaque année. Un nombre qui s'est considérablement accrû avec l'essor du numérique entre autres, passant quasiment du simple au double pour les longs-métrages (plus de 1800 sur les trois dernières éditions contre 1000 au début du nouveau millénaire) et ayant presque quintuplé pour les courts-métrages (plus de 5000 en 2016). D'autre part, ces chiffres amoindrissent inévitablement les chances de sélection. On compte toujours une vingtaine de longs-métrages et seulement une dizaine de courts retenus, autant dire que la concurrence est rude et les places extrêmement précieuses. En ce sens, les sélectionneurs recherchent plus que jamais l'originalité et l'authenticité, dans l'espoir de faire découvrir des auteurs capables de marquer leur époque et les générations futures.



Le Comité de Sélection, supervisé par Thierry Frémaux, délégué général du Festival, est composé de trois groupes. Le premier entreprend une pré-sélection, les deux autres se répartissent ensuite de part et d'autre les films français et étrangers à regarder. L'éligibilité d'une oeuvre en Compétiton repose en outre sur certaines conditions, elle doit d'abord avoir été produite dans les douze mois précédant son envoi puis n'avoir été montrée au préalable dans aucune autre manifestation cinématographique internationale. Pour Thierry Frémaux, la marque de Cannes, c'est la distinction et la découverte. Le Festival reste et restera un lieu de rendez-vous privilégiés, d'où l'importance d'offrir aux festivaliers la primeur de films inédits, projetés en avant-première mondiale.

Il s'agit aussi pour les sélectionneurs de jouer la carte de la diversité, en choisissant des oeuvres de tous genres et horizons, de façon à inscrire la notion de voyage (géographique, culturel, imaginaire...) dans son programme même. C'est aussi un moyen de prendre le pouls d'un certain état du monde actuel et d'en proposer le reflet au travers des films retenus. Dès lors, il est possible de jauger une tendance, de définir des thématiques récurrentes, chères ou nécessaires aux yeux des cinéastes, qui entendent défendre une cause, exprimer leur point de vue sur un sujet fort, social, politique etc. En ces temps de conflits, la réalité, souvent douloureuse, sert de source d'inspiration immédiate. Il demeure néanmoins des auteurs qui préfèrent rompre avec le réel, renouant avec des figures archétypales, mythologiques, propres au domaine du rêve.


Pour autant, les attentes que la Compétition suscite auprès des festivaliers, cinéphiles ou professionnels, mettent parfois à mal les films qui y sont présentés. Une oeuvre peut être unanimement saluée comme décriée et cette réputation pèse énormément sur son succès commercial et critique, une fois à l'affiche. Dernier exemple en date à avoir été froidement accueilli par la presse et le public lors de sa projection à Cannes, le film « Nos souvenirs » de Gus Van Sant, originalement intitulé « The Sea of Trees », de fait très mal marketé et sorti dans l'indifférence générale. Exemple inverse, celui de « La Vie d'Adèle » d'Abdellatif Kechiche, Palme d'Or en 2013, film le plus rentable

en France la même année et plébiscité un peu partout. L'exposition demeure exceptionnelle, mais que l'on soit jeune réalisateur ou vétéran du 7ème art, rien n'est jamais joué d'avance, les réactions étant souvent disproportionnées, d'un côté comme de l'autre, tant le Festival se vit intensément.

À l'issue des 10 jours de projections ininterrompues, au sein des différentes salles du Palais des Festivals et de l'Espace Riviera, le Jury, composé la plupart du temps d'une dizaine de membres dont son président, rend son verdict après délibérations. Chaque prix décerné vient récompenser une ou plusieurs qualités spécifiques d'un film, ses interprètes, sa mise en scène, son scénario. La Palme d'Or revenant à l'oeuvre qui aura majoritairement séduit et rassemblé le Jury, pour des raisons avant tout subjectives, quand bien même son expertise tend à garantir une certaine objectivité. Année après année, il est surprenant de voir à quel point les films récompensés divergent et donnent tort ou raison aux pronostics. Le Palmarès a cela de passionnant qu'il échappe à toute certitude, à tout compromis, à l'instar de l'expérience cinématographique, insolite et totale, qu'offre le Festival.



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