top of page

Au Fil de Synema 10 ~ Le Plafond aux Araignées : les Cinquièmes Étages de la Tour d'Henry Selick

Dernière mise à jour : 25 juil. 2020


Dix-Néma

(Synema est une variété d'araignée qui n'a en commun avec notre sujet que le nom... et aussi le fait que le Septième Art est une immense toile, peuplée de nœuds dramatiques et d'émotions qui révèlent parfois les larmes... ces étranges rosées du matin. Ce n'est pas le Web qui contredira tout cela !)


Photographie issue du court-métrage "Jabberwocky (ou les vêtements de paille d'Hubert Paglia)", réalisé en 1971, par Jan Svankmajer, dont l'oeuvre surréaliste a grandement inspiré Terry Gilliam, Tim Burton ou Henry Selick. Ce dernier ne cache pas qu'il souhaiterait, un jour, pouvoir travailler avec ce "mentor" secret. Dans ce film, après la récitation du poème éponyme de Lewis Carroll ("De l'Autre Côté du Miroir"), divers jouets facétieux décident de vivre pour deviser un peu, à l'abri d'une chambre d'enfants.
Photographie issue du court-métrage "Jabberwocky (ou les vêtements de paille d'Hubert Paglia)", réalisé en 1971, par Jan Svankmajer, dont l'oeuvre surréaliste a grandement inspiré Terry Gilliam, Tim Burton ou Henry Selick. Ce dernier ne cache pas qu'il souhaiterait, un jour, pouvoir travailler avec ce "mentor" secret. Dans ce film, après la récitation du poème éponyme de Lewis Carroll ("De l'Autre Côté du Miroir"), divers jouets facétieux décident de vivre pour deviser un peu, à l'abri d'une chambre d'enfants.

Chers ciné-amis visiteurs, nous voici sur le point d’entrer dans l’Aile sans Toit de la Tour Henry Selick ! Derrière cet huis silencieux, nous attendent cieux cachés, étoiles pas encore animées et nuits à peupler.

C’est le Cinquième Étage, ou, devrais-je dire, « les Cinquièmes Étages », tant ces lieux que nous nous apprêtons à investir sont insaisissables, flous, incertains, mais surtout, emplis de milliers de promesses : certaines d’entre elles seront choisies par notre réalisateur, d’autres, délaissées, déchues, voire oubliées.


Bref, préparez votre souffle (il y a beaucoup de poussière en raison des nombreux travaux), car maintenant s’ouvrent les portes d’un des plus grands escaliers de la Tour ! En avant et je vous prierais d’observer un pieux silence, afin de rendre notre exploration plus solennelle et fabuleuse (et puis, ce sont les rêves d’Henry Selick : ce n’est pas à nous de les réveiller, nous risquerions de les faire disparaître… comme des fantômes) !


Salle de Théâtre dans "Coraline", métaphoriquement cachée sous le plancher d'une toile d'araignée folle...
Salle de Théâtre dans "Coraline", métaphoriquement cachée sous le plancher d'une toile d'araignée folle...

Chaque degré de cet escalier est unique ! Des tas de projets différents l’ont conçu, puis remanié. En somme, ce sont des mosaïques de marbre qui gardent les traces de pas gravées par Selick. Songez que nous posons le pied sur le dallage-même qu’il a gravi ! Attention, voyez comme les marches sont larges et vastes : chacune ferait un étage à elle toute seule !


Cependant, il est à constater des dominantes, dans leur esthétique : des zones plus rugueuses ou plus colorées... C’est dû à l’évolution du style du maître, à ses périodes.


Henry Selick portant, sur son épaule, sur sa mémoire, ses amis de "James et la Pêche Géante".

Là, par exemple, l’escalier est tapissé de papier peint rosé, voire empourpré, rappelant celui de Coraline. Les rampes sont sculptées dans un bois et hérissées d’échardes, si j’ose dire. Simplement parce que, lorsqu’il les a montées, Henry Selick travaillait encore dans les studios Laika. Voyez, c’est ainsi jusqu’à la marche numéro 2009. A partir de la deux-mille-dixième, notre réalisateur est retourné chez Disney. D’où, un aspect plus dessiné et le carrelage en forme de tête de Mickey.


Grenier du Forain Fou dans "Coraline" ! Vous croyez voir des guirlandes, des câbles de lampions enflammés et des banderoles d'artifices ? Et si, là encore, ce n'était que des filins de toiles d'araignée sournoisement déguisés ? On n'attrape pas les papillons sans lumière !

Henry Selick, vraisemblablement en train de travailler sur "The Shadow King".
Henry Selick, vraisemblablement en train de travailler sur "The Shadow King".

A présent, les murs sont faits de briques "animées" par ordinateur, parmi lesquelles se démarquent certaines en pâte à modeler noirâtre, bien réelles : le réalisateur et son style sont donc entrés dans Pixar pour un contrat à long-terme de production de films exclusivement en stop-motion. A cette occasion, il retrouvera bon nombre de ses amis d’études et d’animation, ce qui explique les nombreuses issues, autour de nous, qui mènent vers d’autres Tours, d’autres architectes…


Nous voici donc parvenus en haut de ce grand escalier, prêts à passer le grand "huis des demains" de Selick !

Je voudrais attirer votre attention sur cette grande plaque d’or fin, à côté de la porte. Je vous laisse lire le petit paragraphe qui y est gravé, sous l’inscription-titre « Cinderbiter Productions » :

La description de cette image est écrite dessus ! Si vous aimez les échos, sachez qu'y est "gravé" : ...[Cinderbiter is] a new stop motion company whose mandate is to make great, scary films for young'uns with a small, tight-knit crew who watch each other's backs...". Si, si ! C'est marqué ! Et c'est Henry Selick lui-même qui a utilisé ces termes pour décrire sa jeune société !

Ce qui signifie environ : "... [Cinderbiter est] une nouvelle compagnie de stop-motion dont le sacerdoce est de faire de grands films effrayants que les jeunes regardent, serrés les uns contre les autres, en un petit groupe où ils se protègent mutuellement."


C’est en effet pour inaugurer ce nouveau studio, hébergé par Disney, qu’il va commencer à rêver à un nouveau long métrage : ShadeMaker !



Ici, la visite va se faire de façon plus chaotique : nous sommes dans le grand salon sans toit, l’immense théâtre-vestibule de ce Cinquième Étage, et point de rencontre de tous les chantiers, ce qui explique sa forme en cercle.

Evidemment, comme ces productions se bousculent l’une l’autre dans la course à la réalisation, notre programme ne peut plus compter sur la chronologie. C’est alors dans l’ordre inverse des aiguilles d’une montre que je vous propose de découvrir ces chambres superposées. Nous aurons l’occasion de revenir dans la pièce ShadeMaker plus tard.



Vestige de la porte de "The Graveyard Book". D'ailleurs, l'esthétique de cette porte vous évoque-t-elle quelque chose ?
Vestige de la porte de "The Graveyard Book".

D’abord, je voudrais vous présenter cette suite, qui aurait dû voir naître The Graveyard Book. D’autant plus "suite" que ce projet se pose dans la lignée des adaptations de Neil Gaiman par notre cinéaste !


Henry Selick fêtant lui aussi le dixième anniversaire des studios Laika.
Henry Selick au dixième anniversaire des studios Laika.

Comme indiqué sur le document gardé ici sous verre, c’est le 28 Avril 2012 que Disney a obtenu les droits pour ce roman du créateur de Coraline ! Le jour même, Henry Selick hérite du projet (pour s'en charger après ShadeMaker). Eh bien, cela n'a pas traîné : trois ans à peine après la fameuse adaptation "Coralienne", revoici donc déjà un retour de la collaboration Gaiman-Selick bien rapide ! Mais surtout, bien rapide : seulement de neuf mois ! A peine le studio et notre réalisateur partis pour quelques storyboards et pré-développements, que les travaux de cette salle sont interrompus en Janvier 2013 et la main d’œuvre récupérée par Ron Howard, à son nom et pour sa propre Tour. Le public n’a même pas eu le loisir de savoir si l’adaptation aurait été réalisée en prises-de-vues réelles ou en stop-motion.

...Dans l'ombre du Recueilleur...

Même si la charpente de cette salle a été laissée à l’abandon, je vous invite néanmoins à apprécier la beauté de la fresque peinte sur le plâtre, car elle nous offre un bel aperçu de ce qu’aurait été ce projet : The Graveyard Book, plus connu, en France, sous le label L’Etrange Vie de Nobody Owens, relate depuis 2008 l’histoire d’un héros éponyme, orphelin de deux ans recueilli dans un cimetière par des fantômes au cœur trop vivant pour se contenter de la mort. Comme quoi, il y a plusieurs sortes de recueillement dans les cimetières…

« Recueilli », également comme une fleur que l’on veut tuer une seconde fois, il sera pourchassé par celui-là même qui lui avait déjà pris ses "premières vies" : celles de ses parents. Ce meurtrier "recueilleur", ou plutôt "arracheur", "faucheur" comme "faux-jeton", ne se fera appeler d’aucun de ces quatre surnoms : il préfèrera qu’on le nomme « Le Jack »…


Couverture de "The Graveyard Book". Remarquez que le poignet menaçant semble tout aussi coupé que ses victimes. Il n'y a que la fumée du fantôme pour lui donner un reste de corps... Un fantôme qui a l'air tout aussi blessé par l'arme que s'il était "matériellement" vivant. Et que dire de ce sang-cimetière qui semble être le seul support, la seule base de cet enfant chassant la Lune, aussi tranchante que le plus silencieux des poignards ? Que de questions qui viennent avec cette affiche ! Que de questions...!

Voyez-vous ce portrait vide, là-bas, près des deux poutres mal cassées ? C’est celui de Nobody Owens, ce héros perdu, cet "Ulysse" moins chanceux que l'original, qui aurait succombé sous "Personne". Et si Jack le Recueilleur n’aura pas réussi à le ré-assassiner, ce sont les difficultés de production et le Temps qui se seront chargés de le rendre orphelin une seconde fois : Henry Selick doit l'abandonner...


Un cimetière, comme une prison, sous une nuit bien pâle ?

Seule la poussière de cette pièce et les draps qui colorent ces meubles en fantômes, se souviennent encore de l’existence de Nobody Owens, le bien nommé, le plus jeune des héros : un héros mort-né



Ruines de la porte de "The Shadow King". Alors ? Il ne vous dit vraiment rien, ce visuel de porte ? Allez, je vais vous aider : il est issu d'un jeu vidéo. Lequel ?
Ruines de la porte de "The Shadow King".

A présent, suivez-moi dans l’espoir suivant et attention de ne pas vous cogner la tête à cette carcasse de plafond ridé et cabossé…


Attention, surtout, à l’obscurité : nous sommes ici dans la zone la plus sombre de tout le Cinquième Étage ! Est-ce parce que le film d’ici est la bête-noire d’Henry Selick ? Sa plus longue défaite ? Son plus durable combat ? Un espoir commencé il y a déjà longtemps : autour de 2012. Cela devait être sa première création avec Cinderbiter : le fameux ShadeMaker, prévu pour le 4 Octobre 2013 !


Il n'est pas blanc et paraît trop quiet pour être en retard, mais ce lapin semble intéressant ! Si seulement Henry Selick avait pu donner vie au Shadow King, qui lui-même aurait donné vie à ce lapin d'ombre, qui lui aussi, aurait pu donner vie à de belles aventures folles, qui auraient donné vie à certains de nos rêves les plus imaginatifs !...

Désormais, les fantômes ont pris la forme d’ombres. Cette partie de la Tour Selick n’est pas desservie par l’électricité : le courant ne passait plus entre le réalisateur et les studios Disney qui, en Août 2012, ont avoué avoir interrompu la production du projet, arguant des points de vue artistiques et organisationnels divergents.

Photographie de famille des non-nés de "The Shadow King". Comme quoi, même si le mot "photographie" veut dire "écriture de la lumière", il est possible de photographier uniquement des ombres qui n'ont pas eu de chance avec la réalité...

Selick expliquera qu’au départ, les ombres qu’il avait imaginées pour colorer son film étaient beaucoup plus sinistres, mais Disney a préféré les éclaircir afin de ne pas perdre les spectateurs les moins nyctalopes (les plus "sensibles", paradoxalement), donnant à ce long-métrage une esthétique timidement pâlotte et niaisement blêmâtre pour raconter les pérégrinations d’un garçon discret qui apprend à utiliser ses trop longs doigts pour créer des ombres chinoises vivantes et qui sera amené à sauver son frère jaloux d’un monstre d’ombre…

Les deux frères principaux de "The Shadow King".
Les deux frères principaux de "The Shadow King".

Au final, quel que soit le point de vue envisagé, il n’a plus grand chose à contempler, dans ses ténèbres : les studios (ou, devrais-je dire, les compagnies d’électricité) ayant coupé les ponts, non sans une facture aussi aveuglante qu’un flash ! Abandonner ce projet qui avait déjà atteint un stade avancé aurait coûté aux studios cinquante millions de dollars !


Prenez garde à ne pas vous prendre les pieds dans les câbles et les briques oubliés : cette pièce est dans un véritable désordre ! Les actes de propriété eux-mêmes s’y perdent (dans cette obscurité, c’est normal, me direz-vous) : doit-on intituler cette chambre ShadeMaker ou The Shadow King, comme le préconisent tous nos dépliants depuis le jour du 5 Février 2013 ? Date de fin du bail pour Disney ?

Bail renouvelé pour le compte de la compagnie allemande K5 International, représentée par le producteur Josh Penn (Beast of the Southern Wild) ?


Gamineries fantômes...

Puis, le 25 Août 2016, un représentant de Selick affirma que le bail prenait un nouveau virage… Mais les ombres ne lâchent pas ce rêve et le bail est à nouveau sans signataire, Selick (déjà sexagénaire) cherchant toujours à quel studio vendre ce douloureux espoir…


Les fantômes ne sont-ils pas des funambules, à cheval entre vie et mort, jonglant sur un fil si fin qu'il se confond à la fumée et aux ombres ? Une corde si fluette et fragile qu'elle n'existe même pas ?


En attendant, le réalisateur se console en s’affairant aux plans de sa grande salle suivante : A Tale Dark and Grimm.

Par-ici, messieurs-dames, et veuillez n’écraser aucune ombre : elles sont d’origine !


Carcasse de la porte "A Tale Dark and Grimm". Bon, je vais vous donner un second indice : essayez donc de déchiffrer l'adresse de cet huis... Quel nom est indiqué, dans la cendre du bois ?
Carcasse de la porte "A Tale Dark and Grimm".

Si le grand portrait posé contre ce morceau de mur inachevé vous évoque quelque chose, c’est normal : il s’agit de l’ébauche d’une porte peinte en trompe-l’œil afin de faire le raccord avec le cinquième court-métrage de Tim Burton Hansel et Gretel dans le générique duquel Henry Selick est cité en remerciements.


"A Tale Dark and Grimm"...
...Ou l'histoire d'une éternelle fuite...!

En effet, A Tale Dark and Grimm relate les aventures de ces deux enfants, évadés de leur conte d’origine (de leur recueil d’accueil), pour traverser huit autres histoires imaginées par les frères Grimm.


Et Hansel ? Même question pour lui !
Qu'est devenue Gretel ?

C’est FilmNation qui jouera les agences immobilières pour cette pièce de la Tour Selick, initialement un conte pour enfants écrit par l'auteur Adam Gidwitz Et un bel ouvrage : regardez le papier-peint ! Il ne vous rappelle pas celui de la maison de Coraline ? Ici… Et là… Enfin… pour la portion de mur suffisamment construite qui en est partiellement recouverte…

Car à nouveau, le chantier, pourtant annoncé dès le 16 Octobre 2013, a dû être arrêté et différé lorsque la mère du réalisateur est tombée malade.


Couverture du livre d'Adam Gidwitz. Reconnaissez-vous certains personnages Grimm-iens bien grimés ?
Que de personnages Grimm-iens grimaçants et bien grimés !
Comment parler de contes de fées terrifiants, dans de sombres forêts marécageuses, où pullulent sorcières, démons et moustiques, sans se souvenir de lui ? N'ayez plus peur : Hypnos ("Monkeybone") veille sur vos cauchemars !
N'ayez plus peur : Hypnos ("Monkeybone") veille sur vos cauchemars !

Pourtant, l’architecture était prometteuse : nous nous retrouvions dans le style de Selick. Cela aurait pu être son nouveau repaire caché, avec vue sur un paysage nocturne propice à l’éclosion d’étoiles filantes et à la floraison de vœux… un bureau secret entre un jardin intime et un fort intérieur… Un intérieur resté en extérieur, et qui demeure sujet aux courants d’air et aux fuites d’orage.


La décoration est aussi réaliste que détaillée : cela aurait dû être un film en prises de vues réelles, encore plus que pour Monkeybone !

De haut en bas : une affiche du jeu vidéo "Little Nightmares", une photographie de Jordan Peele et Keegan-Michael Key pour "Wendell and Wild", et un portrait d'Henry Selick en pleine transe créative...
De haut en bas : une affiche du jeu vidéo "Little Nightmares", une photographie de Jordan Peele et Keegan-Michael Key pour "Wendell and Wild", et un portrait d'Henry Selick en pleine transe créative...

Selick n’en délaisse pas pour autant le stop-motion ! Approchez…

La pièce mitoyenne que voici possède une chaudière ! Son chauffage pourrait englober tout le ciel de ce Cinquième Étage... s’il était entretenu ! Effectivement, dans la salle Wendell and Wild, nous allons parler de frères démons hantés par une infernale nonne exorciste, Sister Helly, et ses deux jeunes acolytes gothiques, Kat et Raoul ! Si ces rideaux, là, sont accrochés de sorte à former un sourire, c’est normal : le film se destinait à la comédie !

Le buste du réalisateur qui trône sur l’autel rappelle qu’il s’agit d’un scénario intégralement original, un des seuls de cette tour !

C’est le 3 Novembre 2015 que la construction de cette salle a été officialisée. Jordan Peele et Keegan-Michael Key étaient annoncés comme les deux principaux piliers de cette ambitieuse toiture !



Notre visite s’achève bientôt, mais avant, il nous reste à découvrir le plus jeune soupir déçu, les plus récentes ruines de la Tour Selick ! Ca se passe en haut de ces derniers escaliers : il nous faut escalader encore quelques marches pour arriver en Juin 2017 !

A propos, avant que j’oublie : essuyez bien vos pieds avant d’entrer… et faites attention où vous les posez : le plâtre du sol n’est pas encore sec et la manutention coûte une fortune ! De surcroît, je vous avertis qu’il n’y a pour le coup, ni mur ni balustrade ! Considérez que c’est la terrasse ou le pré-toit du bâtiment ! D’ailleurs, ce "grenier à ciel ouvert" est tellement fragile et dangereux qu’il porte bien son titre :


Comme il l'était dit au sujet du film "Coraline" : "Certaines portes devraient rester fermées..." !


Squelette de la porte "Little Nightmares", tentative d'adaptation du jeu vidéo éponyme, où l'on "incarne" une petite fille errant dans un univers aussi monstrueux qu'hostile, pour échapper aux bas fonds de la terreur hurlante... Alors ? Vous avez deviné d'où vient le décor de cette porte ? Un jeu vidéo, horriblement cauchemardesque, qui évoque l'enfance, à la merci d'un monde malsain et d'une crasse tapie dans l'ombre ? Je vous avoue un dernier indice : attention, il y a un piège !
Squelette de la porte "Little Nightmares".

Profitez-en pour admirer le panorama ! Grâce à cette lunette, don des Frères Russo à notre syndic, vous pourrez percevoir, au loin, le ciel de Avengers : Infinity War et de Avengers 4, les projets actuels de ces frères qui aimeraient également lancer une adaptation télévisée du jeu vidéo Little Nightmares, distribué par les Studios Tarsier et Bandai Namco Entertainment pour sortir en avril 2017 sur Windows, PlayStation 4 et Xbox One.


Reflets jaunes (ou échos jaunes, selon qu'on est plus "visuel" ou plus "auditif")...
Reflets jaunes (ou échos jaunes, selon qu'on est plus "visuel" ou plus "auditif")...

Qui donc serait le mieux placé pour narrer les tribulations d’une jeune fille « forte et intelligente, parée d’un joli imperméable jaune » (selon la description des studios) ? Qui, sinon Henry Selick ? Pour changer, et peut-être aussi afin de désespérément masquer les éblouissantes apparences, elle ne s’appellera pas Coraline, mais Six !

Après l’Autre Mère, l’"autre Coraline" !

Du moins, un personnage qui « appartient à un autre monde ».

Cet autre monde se présente en ces termes : « Little Nightmares s’offre comme une aventure sombre construite sur un récit interactif, un design sonore impressionnant et un style artistique qui vous délivreront à coup sûr chair de poule et frissons. Les joueurs constateront que Little Nightmares brouille les frontières séparant les rêves des cauchemars... »


Peut-on, ici, parler de "photographie de famille" ? Non... Plutôt de "photographie-souvenir"... Traumatisant souvenir... Mortel souvenir...

Au centre de la terrasse, cette large colonne que vous apercevez entre deux échafaudages penchés est en réalité une haute bibliothèque sphérique qui se dresse comme une antenne, comme un paratonnerre en manque de clarté. C’est dans ces tiroirs que sont rangés les contrats anonymes, les actes de propriété froissés de cette partie de la Tour.

Le tiroir du bas concerne l’épisode pilote, celui d’au-dessus, l’épisode second, et ainsi de suite… Car, oui : il s’agit d’une série télévisée qu’Henry Selick a prise en main !


Outre l'imperméable jaune et le papier peint, on reconnaît les perspectives bancales et anguleuses, déjà présentes dans l'esthétique sombre de "Coraline"... Ou même : "déjà présentes dans l'Expressionnisme Allemand" ! Enfin... Pour ce qui est de l'imperméable jaune, j'en suis moins convaincu... Pour le "Giallo", peut-être ? Ca reste dans le registre "horreur"...
Voilà une image bien jaune ! Pour faire référence au genre "Giallo", peut-être ? Ca reste dans le registre "horreur"...

Si vous cherchez le sommet de notre noble édifice, sachez qu’il est pour l’instant invisible ! Cette bibliothèque s’enfonce dans le ciel nocturne : on ne sait pour l’instant rien des dates de production ou de sorties éventuelles achevant ainsi le Cinquième Étage, le cinquième long-métrage de la Tour d’Henry Selick !


"Oh non ! Pas déjà ! La visite ne va pas s'arrêter comme ça ! Et le jardin ? On avait préparé un magnifique jardin... bien piégé et bien dangereux !"

Par contre, notre visite se finit bien ici ! Avant de redescendre, je vous conseille d’admirer un peu la vue qui cerne cette Tour… ou que cette Tour domine, selon l’optimisme ! Il est vrai que nous avons atteint des rêves si élevés, si vertigineux que certains ne sont encore visibles que si la tête vous tourne !

La Voleuse de Clefs... A propos de clefs, le Temps est venu que je vous révèle d'où ont été prises les images de portes en ruines qui flottent, plus haut, dans cet article : effectivement, il y avait un petit piège, car le jeu vidéo en question n'est pas "Little Nightmares" mais "Alice Madness Return" ("Alice, Retour au Pays de la Folie") ! Un très excellent jeu, bien qu'effroyablement dérangeant et incommode, que je ne peux que vous recommander, à condition d'être averti : il enchaîne scènes glauques après scènes horrifiques ! Le visuel est sublime mais aussi épouvantablement sinistre et malsain. Alors ? Vous aviez trouvé ? Surpris(e)(es) de la réponse ?

En passant, si vous sentez le paysage danser autour de vous, dans un frénétique évanouissement, n’hésitez pas à verser une larme nostalgique : elle ne tombera pas tout en bas, mais restera ici, à flotter comme un ballon d’enfance déguisé en étoile. Elle étincellera comme une piécette qui sert de mémoire aux fontaines ! Ou comme un œil qui essaiera toujours de transformer ses mirages en réalité, à arracher aux brumes d’encre noire les murs et les nouveaux étages de la Tour Selick. Une Tour qui pointe la Lune, comme l’aiguille d’une montre arrêtée, pendue à une minute morte… patiemment…


"La Lune spongieuse est là, mais lui, qu'est-ce qu'il me veut ? J'espère que le plexiglass de la caméra est bien solide : il ne m'a pas l'air au meilleur de son humeur, celui-là..."
"J'espère que le plexiglas de la caméra est bien solide : il ne m'a pas l'air au meilleur de son humeur, celui-là..."

La Synema vous remercie bien des fois pour votre présence et l’intérêt que vous avez porté à Henry Selick ! Vous trouverez des statuettes à son effigie, ainsi que des cartes à jouer sur ses œuvres, à la boutique souvenir, près du grenier. Egalement, il y aura aussi de belles reproductions de toiles d’araignées pour tous les goûts : en soie, en or, en platine, en ombres, en lueurs…


Derrière cette barbe naïvement anonyme, se cache en réalité Henry Selick ! Lui qui croyait sans doute passer incognito, à notre nez et à notre barbe... Surprenant, n'est-ce pas ?

Pour les arachnophobes courageux qui sont parmi vous, sachez que vous trouverez aussi des peluches en forme d’insectes variés, notamment un très beau jouet-phasme qui peut servir d’appeau à coccinelle ! Car, avec la nuit, l’enfance, les horloges avec leurs rouages et le Temps, les insectes font aussi partie des thèmes visuels omniprésents chez Henry Selick !

Comme si ce devait être une des grandes marques de génie, cette étrange imagerie est partagée par un autre réalisateur… Un homme que la Synema et ses semblables ont "l'air d'inspirer"... Un homme qui va donc inspirer la Synema ! Mais pour ça, il faut changer de Tour (au tour de sa Tour !), changer de visite, changer d’article !

Devinez-vous qui est ce mystérieux prochain réalisateur ? Pendant que vous y réfléchissez, et comme on dit souvent : n’oubliez pas le guide !


Le Tournesol des Nuits... Alias, le "Tournelune" !
Le Tournesol des Nuits... Alias, le "Tournelune" !
127 vues0 commentaire
bottom of page